3 questions à Loys de Pampelonne

Kurdistan irakien

Le pape François se rendra en Irak en mars prochain. Loys de Pampelonne, directeur Irak de l’OEuvre d’Orient répond à nos questions.

Le Pape François va se rendre en Irak au mois de mars 2021, que représente cette décision en Irak ? Quelle est l’attente des irakiens concernant cette visite ?

Cette décision a créé une véritable souffle d’espérance ainsi qu’une profonde joie pour les chrétiens d’Irak. Ainsi, sa Béatitude Louis Rafael Sako, Patriarche de Babylone des chaldéens, a évoqué ce que représentait cette décision « Notre présence en Irak, au Liban et en Syrie est menacée et il vient pour nous dire : « non, vous avez une vocation ici, vous devez persévérer et rester » » dans un entretien à Vatican News le 7 décembre 2020.
Ce déplacement est surtout attendu par les chrétiens d’Irak qui espèrent pouvoir mettre en avant les racines judéo-chrétiennes de la Mésopotamie ainsi que la diversité confessionnelle de l’Irak.

Ce voyage permettra-t-il une renaissance des communautés chrétiennes ? Quelle est leur situation actuelle après le recul de Daech ?

En ce début de 2021, la situation semble désespérée pour les communautés chrétiennes dont 90% des fidèles ont quittés le pays en 20 ans. Et, si l’État Islamique a perdu, presque, l’ensemble de ses territoires, il reste actif en Irak. Il a, cependant, laissé un triste héritage : des fossés de défiance entre les communautés. Pour beaucoup de minorités, cette absence de confiance ne permet plus d’envisager un avenir serein en Irak, poussant de nombreuses familles à l’exil.
Ce déplacement du Pape est – donc – un message fort pour appeler ces familles réfugiées dans les pays avoisinants (Liban, Turquie ou Jordanie) à revenir s’installer dans leurs villes.

La reconnaissance de Noël comme « fête nationale » constitue-t-elle un tournant ou faut-il y voir une mesure purement symbolique sans véritable portée ?

Ce n’était pas une nouveauté, la reconnaissance de Noël comme jour férié avait déjà été annoncé par le gouvernement d’Adil Abdul-Mahdi en 2018. La portée de cet évènement est donc surtout symbolique. Cependant, politiquement, il est intéressant de noter que l’entérinement de cette décision a été fait à l’unanimité du parlement irakien. Au vu de la diversité des parcours politiques – et de la radicalité de certains – il semble que l’annonce de la venue du Saint Père a aidé à trouver un consensus.

Propos recueillis par Henri Jozefowicz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.