Si la question de l’écologie a pris une place de plus en plus importante dans les documents pontificaux à partir des années 1970, en concomitance avec une prise de conscience générale (1970, Année mondiale de la nature), il revient au pape François d’inscrire pour la première fois la question climatique dans une encyclique, Laudato Si, en 2015, lui donnant ainsi une place visible et forte au sein de la doctrine sociale de l’Eglise.
François est au point d’aboutissement d’une évolution de la papauté qui prend de plus en plus conscience des enjeux écologiques, avec Paul VI, Jean-Paul II qui fit de François d’Assise, le patron des écologistes (1979), puis Benoît XVI, avec ses nombreux appels au respect de la Création. Benoît XVI est le premier pape à avoir attiré l’attention sur la question climatique dans un message consacré à L’Arctique, miroir de la vie (2007). Alors que le synode sur l’Amazonie s’est tenu en octobre, il est intéressant de revenir sur l’encyclique de François, adressé « à chaque personne qui habite cette planète« , car « le climat est un bien commun de tous pour tous« .
Nicolas Hulot a écrit : « Le pape François solennise et sacralise l’enjeu écologique« . Pour le pape, l’enjeu est bien de sauver la planète : « Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux derniers siècles. » Il recommande notamment de promouvoir les énergies renouvelables, dans le respect de la Création. Il institue une Journée mondiale de prière pour sa protection. L’un des aspects les plus neufs de la pensée de François est le lien qu’il établit entre la nécessité du respect écologique de la planète et la justice sociale internationale, évoquant « une vraie dette écologique entre le Nord et le Sud« .
François insiste sur les conséquences « environnementales, sociales, économiques, distributives ainsi que politiques » du réchauffement climatique ; il y voit « l’un des principaux défis actuels pour l’humanité« . Celle-ci doit en prendre conscience, et adapter son « style de vie, de production et de consommation » à la situation qui est en train de se créer. L’homme a de lourdes responsabilités, de la déforestation à « l’utilisation intensive de combustibles fossiles qui constitue le coeur du système énergétique mondial« . La description que François fait de l’avenir de l’humanité , si rien ne change dans les habitudes, est sombre. Il en appelle à une réponse politique : diminuer l’émission du dioxyde de carbone, développer les sources d’énergie renouvelables, généraliser les « bonnes pratiques » ; il dénonce les égoïsmes individuels et nationaux, la recherche du profit et la faiblesse voire l’hypocrisie des décideurs. Laudato si est un cri d’alarme, mais aussi un coup de colère.
Peuples du Monde n°486