Jeoldu-san

Statue en bronze du Père André Kim Taegon (c) Wikipedia

Dans le quartier Mapo-gu de Séoul, sur un promontoire rocheux qui surplombe le fleuve Han s’est construit un lieu de mémoire des martyrs chrétiens du XIXe siècle : Jeoldu-san, littéralement le « Mont des décapitations ».

La foi catholique se répand en Corée à partir de la fin du XVIIIe siècle par des laïcs coréens. En 1827, le pape Léon XII confie l’évangélisation de la Corée aux Missions étrangères de Paris. En 1839 les premiers prêtres missionnaires s’infiltrent en Corée. Rapidement le promontoire rocheux qui surplombe le fleuve Han devient le lieu des premières persécutions.

Des persécutions sanglantes

En 1846, le premier prêtre coréen, André Kim Taegon, est exécuté lors d’une seconde vague de persécutions. De 1861 à 1866, la Corée connaît une certaine tolérance religieuse sous le règne du roi Tchyel-tjong. A sa mort, la reine Tiyo, adversaire résolue des catholiques, met un terme à la tolérance. Cette dernière réussit à donner le trône à un enfant de douze ans. Ainsi, le père de l’enfant, Heungseon Daewongun, devient régent du royaume. Les persécutions reprennent. Lors de la troisième série de persécutions, sept prêtres et trois évêques français sont assassinés. Le régent exige que les catholiques soient traités comme des criminels. Depuis leurs arrestations, ils portent une corde rouge sur les épaules, un carcan au cour et aux poignets et un bonnet jaune. Ils sont battus, dévêtus, mutilés et décapités.

A Joeldu-san, les historiens estiment à dix mille le nombre de martyrs en 1866. Une inscription à l’entrée du sanctuaire rappelle que le régent avait souhaité que le sol fût lavé de la souillure causée par ces étrangers. Le fleuve Han avait charrié de nombreux membres d’enfants, de femmes et d’hommes qui s’étaient convertis au catholicisme.

Sanctuaire mémorial

Pour le centenaire de ce massacre, une église a été érigée sur ce promontoire ; sa construction fut confiée à l’architecte Lee Hui Tae, le directeur artistique Kim Se Chung et le constructeur Kim In Sang. La crypte de l’église accueille des reliques des martyrs connus et inconnus. Sur le mur, figure une galerie de portraits des prêtres des Missions étrangères de Paris dont certains ont été peints en 1899.

Sur une surface de 13 000 m² (1 484 m² en 1967), le sanctuaire comprend un jardin, une église, un chemin de croix et un musée. Vingt-six martyrs coréens y reposent. Une cloche pend dans un campanile qui ressemble à la cangue (l’équivalent du pilori entravant cou et poignets d’un condamné) des martyrs pendant leur détention. En 1972, une statue du Père André Kim Taegon en bronze a été érigée. Parmi les autres monuments présents sur le site, nous pouvons remarquer une statue de la Vierge Marie en hanbok (vêtement traditionnel coréen) ; la tradition veut que chaque visiteur place sa tête entre les mains ouvertes de la statue pour y confier douleurs, secrets et prières.

En 1984, le pape Jean-Paul II visite le sanctuaire. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, un pape canonise hors du Vatican. Lors de la messe du 6 mai, quatre-vingt-treize Coréens et dix missionnaires français deviennent saints. La Corée devient alors le 4e pays au monde pour le nombre de ses saints.

Julien Serey – Peuples du Monde n°485

Pays Corée du Sud

Accès 96-1 Hapjeong-dong, Mapo-gu, Séoul 121-883, Corée du Sud – A 500 m de la station Hapjeong du métro n°2

103 saints En 1925, Pie XI béatifie André Kim Taegon, Paul Chong Hasang et 77 persécutés. D’autres victimes sont béatifiées en 1968. En 1984, Jean-Paul II canonise 103 personnes, dont 10 Français martyrs : Pierre Aumaître, Bernard Beaulieu, Henri Dorie, Martin Huin, Siméon François Berneux, Jacques Honoré Chastan, Antoine Daveluy, Laurent Imbert, Pierre Maubant, Just Ranfer de Bretenières

Dates de construction de l’église Du 10 mars 1966 au 2 octobre 1967

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